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- oumma : communauté ; nation —-- même étymologie que [umm], mère) désigne la communauté des musulmans au delà de leur nationalité, de leur liens sanguins et de la parcellisation des pouvoirs politiques qui les gouvernent. Elle nait avec l'Hégire en 622, au moment où les premiers fidèles renoncent à l'organisation clanique qui prévaut jusque là pour une communauté de foi. La notion d’oumma ne parvient cependant pas toujours à transcender les clivages dus aux hétérodoxies et aux rivalités ethniques et politiques.
La première rupture de l'Umma date de 910 lorsque le fatimide ‘Ubayd Allah al-Mahdi s'est proclamé calife contre le calife abbasside de Bagdad. Deux logiques de succession s'opposent alors : d'un côté chez les fatimides, le calife doit être un descendant d'Ali et de Fâtima (école aristocratique), de l'autre ceux qui veulent un calife descendant du clan Quraychite. Cette division recouvre exactement la rupture plus ancienne entre chiites et sunnites au moment de désigner le premier calife : d’un côté Ali gendre et fils adoptif du prophète Mahomet, et de l’autre Abû Bakr beau-père du prophète, mais parent assez lointain. Dans cette querelle les kharijites refusèrent tout caractère dynastique au titre de calife, celui-ci devant être choisi (élu) comme le meilleur parmi les musulmans.
Le califat s’est maintenu jusqu’en 1926 sous la forme du califat Ottoman, jusqu’à ce que Mustafa Kemal Atatürk le dissolve. Ce califat turc était mal supporté par les Arabes mais maintenait une unité de façade dans le monde musulman.
Aujourd'hui le terme de Oumma est largement repris par des mouvements politico-religieux panislamiques comme les frères musulmans.
Depuis le début du XXe siècle, le terme Oumma a été repris par les différents nationalismes du monde arabe pour désigner la nation, tout en lui ôtant ici son origine religieuse. (Wikipedia)
- Tibhirine : En 1937, quelques moines trappistes s’installent près de Médéa, à 100 km au sud d’Alger, dans la montagne, au domaine agricole de Tibhirine qui devient l’abbaye Notre-Dame de l’Atlas. La ferme et les terres sont nationalisées en 1976 mais les moines gardent ce qu’ils peuvent cultiver. Le monastère développe son rôle de ressourcement pour les chrétiens d’Algérie, d’accueil et de rencontres, manifestant l’admirable fraternité qui unit ces hommes si différents et leur désir de participer au plus près à la vie de leurs voisins. Petit à petit, pendant les années 90 marquées par la violence et la détresse, s’est affermie leur décision personnelle et commune de demeurer à Tibhirine quoiqu’il arrive. C’est ainsi qu’ils décident de créer une coopérative agricole avec des villageois pour travailler ensemble ce qui leur reste de jardin et en partager les fruits. Ils prêtent également une salle donnant sur la route pour devenir la mosquée qui manque au village. Leur louange de « priants parmi les priants de l’islam » reflétait confiance, compassion et communion. Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, sept d’entre eux sont enlevés, séquestrés pendant deux mois, puis assassinés. La question est posée : ont-ils été assassinés par les mêmes que ceux qui les ont enlevés ?
Extrait du testament spirituel de Christian de Chergé, prieur de la communauté :
"Je sais le mépris dont on a pu entourer les algériens pris globalement.
Je sais aussi les caricatures de l’islam qu’encourage un certain islamisme.
Il est trop facile de se donner bonne conscience
En identifiant cette voie religieuse avec les intégrismes de ses extrémistes.
L’Algérie et l’Islam, pour moi, c’est autre chose, c’est un corps et une âme."